Végétalisation de la tour de Nantes : la tour végétale de Nantes, acteur de la biodiversité.

Le projet végétal de la tour de Nantes est issu d’un croisement d’envies, d'idées et de rencontres :

Mon intérêt pour la nature et l’écologie 

Il s’agit en effet d’une passion très ancienne liée à l’observation de la nature comme à des intérêts très forts pour l'écologie. En 1995, j’ai été conseillé du Ministre de l’Environnement, j'ai aussi enseigné a l’école du Paysage de Versailles comme à l'Ecole de la ville de Grâce. J'ai été un des pionniers, avec Eric Ossart, du festival des jardins et du paysage de Chaumont sur Loire.
 
L'image de la hauteur 
Faire comprendre et faire admettre la hauteur est aujourd’hui un enjeu capital pour la densité des villes, pour construire la ville dense de demain : dense pour des raisons de transport, dense pour des raisons d’économie de sols. C’est un défi européen. Pour être admises par les citoyens, ces tours doivent s’insérer de manière délicate dans le paysage et ne pas constituer une gesticulation de plus dans la ville, ne pas être le symptôme d’un nouvel égoïsme urbain. A mon sens, la tour végétale est l'objet architectural le plus facile à faire admettre pour nos concitoyens. Dans le cas de Nantes, il s’agit d’une première tour à construire dans un secteur en développement. La première tour qui s’élève dans cet espace doit faire seule sa démonstration d’intérêt : elle ne doit pas attendre d’être justifiée par ses futures voisines, l’urbanisme est capricieux. Je n’ai pas attendu que d’autres tours sortent de terre pour bâtir un propos, une intégration. La forme circulaire (par opposition à une forme cubique) est la plus aérodynamique aux yeux : en feng shui, un angle frontal (celui d’une tour cubique par exemple) s’appelle une « flèche empoisonnée ».

La très grande difficulté de faire pousser des plantes à la verticale

Nous avons établi l’enjeu de la hauteur pour la ville d’aujourd’hui, mais il est évident que vouloir faire pousser des plantes à cinquante mètres de haut, au vent et au soleil, au froid et à l’ombre, représente un défi considérable. C’est pour toutes ces raisons qu’il faut prendre la végétalisation des façades très au sérieux. En travaillant sur des plantes issues de milieux sauvages, on augmente considérablement la pérennité de la végétation.

La particularité des espèces sauvages est de pouvoir se glisser dans des interstices et survivre dans des conditions de sols pauvres, sur des territoires ingrats. La rigueur de l’hiver ne leur fait pas peur, pas plus que l’aridité d’un été prolongé. Il me faudra chercher des plantes sauvages : elles sont classées sur la liste rouge des espèces non commercialisables ! C’est ainsi que nous avons commencé à travailler avec le Jardin Botanique de Nantes, qui est d’une aide précieuse sur la végétalisation de la façade de la tour.

2010 : l’année de la biodiversité

L’érosion de la diversité biologique n’est plus à démontrer. Le travail des acteurs de la biodiversité (scientifiques, citoyens, ONGs, etc.) pour attirer l’attention des décideur sur le fait que les ressources biologiques de la Terre assurent le développement économique et social de l’humanité toute entière est remarquable. Les études de l’immeuble ainsi que le permis de construire datent de 2010. L’année 2010 a été nommée « Année de la biodiversité » et j’avais envie d’y apporter ma contribution architecturale.

La Tour de Nantes n’a pas vocation à être un bâtiment végétal de plus, mais un bâtiment qui s’inscrit comme un réel acteur de la biodiversité. C’est autour de cette ambition que se sont noués de forts partenariats, et que de nouveaux acteurs continuent à nous rejoindre pour soutenir ce projet.

La ville de Nantes

La ville de Nantes tient une place prépondérance dans l’histoire et le développement de la botanique française : aujourd’hui, elle en est toujours un des piliers et des moteurs. S’il y a une ville au monde pour faire une tour végétale, un immeuble botanique, c’est bien Nantes.

Les rencontres

Elles ont été multiples, et certaines ont beaucoup modelé le projet, comme ma rencontre avec Claude Figureau. Claude Figureau est un botaniste de renom, promu Président de la Biodiversité de la Région Nantaise par M. le Maire de Nantes quelques temps après notre rencontre.

C’est en mélangeant toutes ces idées, ces rencontres et ces ambitions que l’on approche l’explication du pourquoi et du comment de la tour de végétale de Nantes.

Le type de plantes : sauvage. Leur provenance : le Jardin Botanique de Nantes. La forme de la tour : organique.

En traversant le pont de Haudaudine de l’île de Nantes avec Claude Figureau, nous avons eu une révélation : si les espèces dites «Chasmophytes » développent des racines qui se glissent dans les interstices des failles rocheuses alors elles pourraient également pousser dans des tubes allongés. Ces tubes recréent très exactement les conditions de vie et de survie de ces espèces à faible croissance en milieu sauvage. Ces tubes “plantés” à l’extrémité des balcons, de hauteur variable et de section fine (15 à 25 cm de diamètre) donnent une structure visuelle à l’immeuble à l’image des lances des batailles peintes par Paolo de Uccelo.

Maintenant, c’est notre projet

Nous menons au Jardin Botanique de Nantes une expérimentation visant à étudier la croissance des plantes sauvages chasmophytes dans de nouvelles failles artificielles : des tubes longs et étroits. Nous y avons planté des espèces différentes dans des tubes de tailles différentes aux matières différentes (inox, galva, fer) avec ou sans isolant pour étudier scientifiquement  l’adaptablité des plantes dans ce milieu.

Des mesures de température, d’humidité, de dosage d’engrais dans les tubes, etc. sont régulièrement effectuées et alimentent une base de données sous protocole scientifique : la transmission des données se fait automatiquement, par WiFi.  

Apres un an d’expérimentation, les résultats sont très positifs : la croissance des plantes est forte, la consommation d’eau est faible et l’échauffement des tubes au soleil ne semble pas impacter les racines des plantes. L’expérimentation porte sur une vingtaine de tubes, ce qui permettra de sélectionner ceux qui présentent les résultats les plus positifs. Biodiversité urbaine et immeuble de grande hauteur sont ici indéniablement complémentaires, quelle bonne nouvelle !

Un protocole d'expérimentation dit de "modélisation du système de végétalisation" a été signé par des représentants de la Ville de Nantes : Romaric Perrocheau (Directeur du Jardin Botanique de la Ville de Nantes), Jacques Soignon (Directeur des services des Espaces Verts et de l'Environnement de la Ville), Claude Figureau et moi-même. Le protocole est consultable depuis ce site, dans la rubrique "Protocole d'expérimentation végétal".